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Les Destinées : 11 poèmes philosophiques publiés après sa mort en 1864
C'est un recueil de 11 poèmes philosophiques écrits entre 1838 et 1863. 6 poèmes paraissent, pendant et après sa campagne académique, dans la Revue des deux Mondes et 11 poèmes au total sont réunis dans le volume définitif sera publié après sa mort en 1864. Au fil des années, non sans de longues parenthèses mais jusqu’aux derniers mois de sa vie, le poète travaille à un recueil futur dont il revoit le plan à plusieurs reprises, encore que ce plan, aux yeux de certains commentateurs, reste incertain. À sa mort, Vigny laisse donc une suite de textes qui, touchant à des problèmes différents, ne sont pas liés entre eux de manière explicite et peuvent être lus de multiples façons. Il est notamment possible de les relier aux champs philosophiques traditionnels qu’ils abordent, avant de repérer les échos qu’ils ont suscités depuis leur publication.
Vigny projetait de publier, pour faire pendant aux Poèmes antiques et modernes, un recueil de Poèmes philosophiques, comprenant La Maison du berger, La Sauvage, La Mort du loup, La Flûte, Le Mont des Oliviers ; il réservait La Colère de Samson. Lorsqu'il eut écrit le poème Les Destinées, il voulut en faire la pièce liminaire d'un autre recueil qui aurait reçu ce même nom de Destinées et qui se serait achevé par La Bouteille à la mer. En 1864, après la mort du poète, son exécuteur testamentaire, respectant sans doute ses intentions définitives, réunit onze de ses pièces sous le titre Les Destinées et avec le sous-titre "Poèmes philosophiques". Cette double désignation est heureuse : le problème de la destinée demeure posé d'un bout à l'autre du recueil, et Vigny l'aborde à la fois en poète et en philosophe; il montre, à travers une succession de symboles, comment la conscience humaine, d'abord esclave, réussit à s'affranchir et à proclamer sa liberté.
Poèmes
de la condition humaine : Les destinées.
Le recueil s'ouvre tout naturellement avec le poème liminaire Les
Destinées qui donne son nom au recueil et qui porte en épigraphe
"C'était écrit". Vigny pose le problème
de la condition humaine avec son fardeau de misère, est-elle inéluctablement
soumise à une fatalité qui interdit toute espérance
et rend vain nos efforts ? Vient ensuite La Maison du berger, avec
en épitaphe A Eva (Marie Dorval) le philosophe sensible aux souffrances
humaines se reconnaît la mission de guider ses semblables. Tour
à tour le mal social est envisagé dans les
problèmes de la Politique avec Les Oracles, un poème
inédit qui flétrit le parlementarisme et la monarchie de
Juillet ou dans les races et la civilisation avec La Sauvage, ou
dans l'amour même avec La Colère de Samson ou dans les lourdes
tâches du devoir avec La Mort du loup. Vigny aborde ensuite le mal
philosophique dans La
Flûte,
l'âme enchaînée au corps qui paralyse ses élans, Le
Mont des Oliviers, l'ignorance
et le doute, misères de la condition humaine.
A la résignation ou à l'amertume qui dominent dans ces pièces
s'oppose un Vigny qui ouvre la route lumineuse, celle de la science, du
progrès et affiche une robuste confiance dans La Bouteille à
la mer. Enfin, malgré la résistance des tyrannies et
des préjugés de Wanda, poème dénonçant
la cruauté des tyrans, l'avenir radieux de l'humanité verra
le triomphe de L'Esprit pur, poème qui couronne le recueil
et apparaît comme le testament spirituel du poète glorieux
et triomphant.
Extraits
Retrouvez le texte intégral en cliquant sur le poème que
vous recherchez..
La Mort du Loup
Le Mont des Oliviers
La Maison du Berger
La Bouteille à la Mer
Les
Destinées
C'était écrit
Depuis le premier jour de la création,
Les pieds lourds et puissants de chaque destinée
Pesaient sur chaque tête et sur chaque action
Chaque front se courbait et traçait sa journée,
Comme le front d'un buf creuse un sillon profond
Sans dépasser la pierre où sa ligne est bornée.
Ces froides déités liaient le joug de plomb
Sur le crâne et les yeux des hommes leurs esclaves,
Tous errants, sans étoile, en un désert sans fond ;
Levant avec effort leurs pieds chargés d'entraves,
Suivant le doigt d'airain dans le cercle fatal,
Le doigt des Volontés inflexibles et graves.
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