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Dans Aurélia, Nerval retrace avec une admirable lucidité
ses troubles mentaux et l'itinéraire spirituel qu'ils figurent.
On notera en particulier la soudaine transfiguration du réel et le tragique désarroi qui envahit l'âme du poète,
son émouvante sollicitude pour tous les êtres, ce don de
pitié et de sympathie par lequel il ressent la souffrance universelle
et enfin son inquiétude mystique et son désir pathétique
de fixer contre des retours menaçants de l'angoisse, la
paix que lui a apportée une vision bénéfique.
Résumé
Gérard par sa faute vient
de perdre Jenny, qu'il appelle désormais Aurélia.
Il porte en lui une image qui, nuit et jour, le hante. Un soir il croit
distinguer son fantôme puis pendant son sommeil aperçoit
un être mystérieux qui voltige péniblement. Cette
hallucination est l'un des signes précurseurs de sa crise qui éclate
en 1841. Au cours de cette crise commence l'épanchement
dans la vie réelle. Il se croit transporté dans une maison
Rhénane, puis dans les rues d'une ville mystérieuse
et enfin chez son oncle à Mortefontaine. Cela lui fait croire que
rien ne s'achève dans ce monde et qu'il existe un refuge aux espérances
déçues. Il apprend bientôt la mort d'Aurélia
qu'il divinise en imagination. Puis en 1851 dans un nouveau rêve
il voit surgir un esprit qui lui ressemble, un double et il croit qu'il
vient lui enlever Aurélia. Il provoque un scandale à son
réveil. Inquiétude entre le songe et la vie réelle.
Et si ce double venait lui reprendre Aurélia pour le punir d'avoir
idolâtréAurélia, définitivement perdue.
Mais une nuit il a une nouvelle illumination : la déesse de ses
rêves lui apparaît et lui dit "je suis la même
que ta mère, la même que sous toutes les formes tu as toujours
aimée". Puisque qu'Aurélia s'identifie avec
sa mère et avec la vierge Chrétienne, il a pu l'aimer
et le salut demeure possible. Ainsi rassuré, son zèle se
transforme en pitié fraternelle. Dans un dernier rêve
Aurélia enfin retrouvée brille pour lui au firmament.
Quelques extraits
Première partie
Le rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir
ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible.
III- Ici a commencé pour moi ce que j'appellerai l'épanchement
du songe dans la vie réelle. A dater de ce moment tout prenait
parfois un aspect double, et cela, sans que le raisonnement manquât
jamais de logique.
IV- Un soir, je crus avec certitude, être transporté sur
les bords du Rhin
2ème partie
Une seconde fois perdue !
I-Tout est fini, tout est passé ! C'est moi maintenant qui doit
mourir et mourir sans espoir.
II-Je comprends me dis-je, j'ai préféré la créature
au créateur ; j'ai déifié mon amour et j'ai adoré
selon les rites païens, celle dont le dernier soupir a été
consacré au Christ.
VI- Aussitôt je frémis en songeant que ce mystère
même pouvait être surpris. "Si l'électricité,
me dis-je qui est le magnétisme des corps physiques, peut subir
une direction qui lui impose des lois, à plus forte raison des
esprits hostiles et tyranniques peuvent asservir les intelligences et
se servir de leurs forces divisées dans un but de domination.
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