15/06/2022
Auteurs romantiques, Nerval

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Gérard de Nerval : SYLVIE (1853)


Filles du feu

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Les filles du feu

Thème

Sylvie est la meilleure des nouvelles que Gérard de Nerval a réunies sous le titre des filles du feu. L'écrivain l'a composée au moment où il cherchait à se libérer de ses inquiétudes en plongeant dans les souvenirs du passé. Sylvie c'est l'histoire d'un homme qui se trompe dans la recherche de l'idéal. A l'enthousiasme des premiers chapitres succède une désillusion amère.

Résumé
Sylvie est une petite paysanne
qui a partagé les jeux de Gérard. Mais il sacrifie sa tendresse au souvenir d'adrienne qui lui est apparue un soir éblouissante dans le parc du château. Adrienne s'était mêlée à des jeunes filles qui dansaient une ronde avec lui. Un moment vint ou suivant les règles de la danse, il lui donna un baiser, puis il l'entendit chanter avec une voix céleste et connut toute la ferveur d'un amour mystique. il se persuade qu'il l'a revue à Caalis, alors que devenue religieuse, elle figurait parmi les interprètes d'un drame sacré. Plus tard, il rencontre Aurélie (Jenny Colon) et s'imagine qu'Adrienne s'est réincarnée en elle. Un jour il révèle à Aurélie la source de son amour ; mais elle refuse de partager sa chimère. Il apprend plus tard qu'adrienne est morte au couvent ; et sylvie lui apparait comme l'image d'un bonheur inaccessible, que son esprit aventureux a refusé.

Quelques extraits :
Je me sentais vivre en elle, et elle vivait pour moi seul. Son sourire me remplissait d'une béatitude infinie!; la vibration de sa voix si douce et cependant fortement timbrée me faisait tressaillir de joie et d'amour. Elle avait pour moi toutes les perfections, elle répondait à tous mes enthousiasmes, à tous mes caprices, - belle comme le jour aux feux de la rampe qui l'éclairait d'en bas, pâle comme la nuit, quand la rampe baissée la laissait éclairée d'en haut sous les rayons du lustre et la montrait plus naturelle, brillant dans l'ombre de sa seule beauté, comme les Heures divines qui se découpent, avec une étoile au front, sur les fonds bruns des fresques d'Herculanum!! Depuis un an, je n'avais pas encore songé à m'informer de ce qu'elle pouvait être d'ailleurs!; je craignais de troubler le miroir magique qui me renvoyait son image, - et tout au plus avais-je prêté l'oreille à quelques propos concernant non plus l'actrice, mais la femme. Je m'en informais aussi peu que des bruits qui ont pu courir sur la princesse d'Elide ou sur la reine de Trébizonde, - un de mes oncles, qui avait vécu dans les avant-dernières années du XVIIIe siècle, comme il fallait y vivre pour le bien connaître, m'ayant prévenu de bonne heure que les actrices n'étaient pas des femmes, et que la nature avait oublié de leur faire un cœur. Il parlait de celles de ce temps-là sans doute!; mais il m'avait raconté tant d'histoires de ses illusions, de ses déceptions, et montré tant de portraits sur ivoire, médaillons charmants qu'il utilisait depuis à parer des tabatières, tant de billets jaunis, tant de faveurs fanées, en m'en faisant l'histoire et le compte définitif, que je m'étais habitué à penser mal de toutes sans tenir compte de l'ordre des temps. Nous vivions alors dans une époque étrange, comme celles qui d'ordinaire succèdent aux révolutions ou aux abaissements des grands règnes. Ce n'était plus la galanterie héroïque comme sous la Fronde, le vice élégant et paré comme sous la Régence, le scepticisme et les folles orgies du Directoire!; d'aspirations philosophiques ou religieuses, d'enthousiasmes vagues, mêlés de certains instincts de renaissance!; d'ennui des discordes passées, d'espoirs incertains, - quelque chose comme l'époque de Pérégrinus et d'Apulée. L'homme matériel aspirait au bouquet de roses qui devait le régénérer par les mains de la belle Isis! ; la déesse éternellement jeune et pure nous apparaissait dans les nuits, et nous faisait honte de nos heures de jour perdues. L'ambition n'était cependant pas de notre âge, et l'avide curée qui se faisait alors des positions et des honneurs nous éloignait des sphères d'activité possibles. Il ne nous restait pour asile que cette tour d'ivoire des poètes, où nous montions toujours plus haut pour nous isoler de la foule. À ces points élevés où nous guidaient nos maîtres, nous respirions enfin l'air pur des solitudes, nous buvions l'oubli dans la coupe d'or des légendes, nous étions ivres de poésie et d'amour. Amour, hélas!! des formes vagues, des teintes roses et bleues, des fantômes métaphysiques!! Vue de près, la femme réelle révoltait notre ingénuité!; il fallait qu'elle apparût reine ou déesse, et surtout n'en pas approcher. Souvenirs du Valois

1-Nuits perdues
Depuis un an je n'avais pas songé à m'informer de ce qu'elle pouvait être d'ailleurs ; je craignais de troubler l'image magique qui me renvoyait son image.

2-Adrienne
J'étais le seul garçon dans cette ronde, où j'avais amené ma compagne toute jeune encore, Sylvie, une petite fille du hameau voisin, si vive et si fraîche...Je n'aimais qu'elle, je ne voyais qu'elle jusque là !
A peine avais-je remarqué dans la ronde où nous dansions une blonde, grande et belle, qu'on appelait Adrienne.../...La figure d'adrienne resta seule triomphante

4-Un voyage à Cythère
Quelques années s'étaient écoulées : l'époque où j'avais rencontré Adrienne devant le chateau n'était plus déjà qu'un souvenir d'enfance

13-Aurélie (une actrice)
j'avais projeté de conduire Aurélie au chateau près d'Orry su la même place verte où pour la première fois j'avais vu Adrienne. Nulle émotion ne parut en elle.../...


14-derniers feuillets

J'oubliais de dire que le jour oùu la troupe dont faisait partie Aurélie a donné une représentation à Dammartin, j'ai conduit Sylvie au spectacle et je lui ai demandé si elle ne traouvait pas que l'actrice ressemblait à une personne qu'elle avait connue déjà.. Adrienne.
Vous souvenez-vous d'Adrienne.

Sylvie éclate de rire en disant "Pauvre adrienne", elle est morte au couvent de Saint-S vers 1832.

 

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