Cliquer pour agrandir
Thème
Ce roman historique veut
prouver que le christianisme se prête mieux que paganisme, à
l'emploi du merveilleux, au développement des caractères
et au jeu des passions dans l'épopée. Eudore, officier chrétien
de l'armée romaine, raconte ses voyages et ses amours, avant de périr
dans l'arène en compagnie de son épouse Cymodocée, une jeune Grecque
convertie par lui. C'est le parcours initiatique d'un jeune homme qui,
de l'indifférence religieuse, s'élève jusqu'au zèle vertueux du martyr.
Chateaubriand a beaucoup mis de lui-même dans son héros un peu volage
et dans ses souvenirs de campagnes, ce qui donne une tonalité très juste
à certaines pages rappelant la Bretagne ou la campagne des Ardennes. Napoléon
transparaît derrière Galérius, et l'infâme Hiéroclès fait penser à Fouché.
L'épisode le plus fort des Martyrs est certainement celui des amours d'Eudore
et de Velléda, la druidesse gauloise. Avec cette figure, Chateaubriand
met en scène, encore une fois, la tentation qui rapproche deux amants
de cultures différentes et, pour une fois, la transgression de l'interdit.
Les
Martyrs, l'épopée au service de la foi
Le
récit d'Eudore
Sous Dioclétien, (IIIème siècle après Jésus-Christ),
en Messénie, l'aède Démodocus, prêtre
d'Homère dont il est le descendant, élève sa fille Cymodécée dans les vertus païennes et l'a consacrée
aux muses. Eudore, fils de Lasthénès a été
envoyé, tout jeune, comme otage à Rome : il a oublié
sa religion et mené une vie de plaisirs, en compagnie d'autres
jeunes gens intelligents et instruits, Constantin, Jérôme,
Augustin. Survint la campagne de Batavie contre les francs : Eudore y
prend part et est blessé. Nommé gouverneur de l'Armorique,
il conquiert l'amour de la druidesse Velléda, qui, découverte,
se coupa la gorge avec une faucille d'or. Bouleversé, il fit pénitence
et obtint sa retraite de Dioclétien et put regagner la Grèce.
Les amours et les martyrs d'Eudore
Au ciel, Dieu, parmi les bienheureux et les anges, a décidé
qu'Eudore et Cymodocée ont une mission historique à remplir. Cymodécée s'éprend d'Eudore et son père
l'autorise à se convertir pour l'épouser. Mais la persécution
éclate contre les chrétiens ; Dioclétien publie un
redoutable édit. Eudore accourt à Rome pour défendre
ses coreligionnaires ; il est arrêté par Hiéroclès,
premier Ministre du nouvel empereur Galérius. Cependant Hiéroclès
tente de négocier la grâce d'Eudore auprès de Cymodécée
; mais Cymodécée se déclare chrétienne et
elle est arrêtée à son tour. Eudore est condamné
à mort ; lorsqu'il entre dans l'arène, Cymodécée
le rejoint pour partager son sort et sa gloire.
Extraits
La druidesse Velléda
Sa taille était haute ;
une tunique noire, courte et sans manches, servait à peine de voile à
sa nudité. [...] La blancheur de ses bras et de son teint, ses yeux bleus,
ses lèvres de rose, ses longs cheveux blonds qui flottaient épars, annonçaient
la fille des Gaulois, et contrastaient, par leur douceur, avec sa démarche
fière et sauvage. Elle chantait d'une voix mélodieuse des paroles terribles,
et son sein découvert s'abaissait et s'élevait comme l'écume des flots.
»
Rencontre d'Eudore et Cymodécée.
Une source d'eau vive, environnée de hauts peupliers, tombait à
grands flots d'une roche élevée ; au dessus de cette roche,
on voyait un autel dédié aux Nymphes, où les voyageurs
offraient des vux et des sacrifices. Cymodécée allait
embrasser l'autel, et supplier la divinité de ce lieu de calmer
les inquiétudes de son père, lorsqu'elle aperçut
un jeune homme qui dormait, appuyé contre un rocher.
|