16/06/2022 |
Page accueil Suite |
George Sand : LES MAITRE SONNEURS (1853)
|
|
Cliquer pour agrandir Les Maîtres Sonneurs roman 1853
Les Maîtres sonneurs est un roman de George Sand qui se situe à Saint-Chartier. Le roman paru dans Le Constitutionnel en juin et juillet 1853 raconte la vie des "cornemuseux" à la fin du XVIIIe siècle, dans le Berry et le Bourbonnais. Il se divise en 32 veillées, où le narrateur Étienne Depardieu, dit Tiennet, raconte sa vie auprès de sa cousine Brulette, de leur ami Joseph, un orphelin, et de Thérence et Huriel. A la fin de la Mare au Diable, George Sans avait déjà évoqué les longues veillées au village, où les récits se succèdent tandis que l'on broie le chanvre. C'est au cours de ces soirées de breyage, à Nohant, que le père Depardieu, dit Tiennet est censé raconter en 1928, les aventure de sa jeunesse, du temps où il n'était encore que Tiennet, vers 1770. Le roman est divisé en veillées et non en chapitres. Tiennet, la jolie Brulette sa cousine et Joset sont des amis d'enfance. Joset n'est pas comme les autres, il est distrait, renfermé et semble un peu simple. Il rêve de musique, mais il n'a pas de voix. Joset prétend inventer sa musique et jouer avec une flute de roseau qu'il a confectionnée. Sand étudie l'effet de l'art, ici la musique sur les âmes simples. Le début du roman Mon cher enfant, puisque tu aimes à m'entendre raconter ce que racontaient les paysans à la veillée, dans ma jeunesse, quand j'avais le temps de les écouter, je vais tâcher de me rappeler l'histoire d'Etienne Depardieu et d'en recoudre les fragments épars dans ma mémoire. Elle me fut dite par lui-même, en plusieurs soirées de breyage ; c'est ainsi, tu le sais, qu'on appelle les heures assez avancées de la nuit où l'on broie le chanvre, et où chacun alors apportait sa chronique. Il y a déjà longtemps que le père Depardieu dort du sommeil des justes, et il était assez vieux quand il me fit le récit des naïves aventures de sa jeunesse. C'est pourquoi je le ferai parler lui-même, en imitant sa manière autant qu'il me sera possible. Tu ne me reprocheras pas d'y mettre de l'obstination, toi qui sais, par expérience de tes oreilles, que les pensées et les émotions d'un paysan ne peuvent être traduites dans notre style, sans s'y dénaturer entièrement et sans y prendre un air d'affectation choquante. Tu sais aussi, par expérience de ton esprit, que les paysans devinent ou comprennent beaucoup plus qu'on ne les en croit capables, et tu as été souvent frappé de leurs aperçus soudains qui, même dans les choses d'art, ressemblaient à des révélations. Si je fusse venue te dire, dans ma langue et dans la tienne, certaines choses que tu as entendues et comprises dans la leur, tu les aurais trouvées si invraisemblables de leur part, que tu m'aurais accusée d'y mettre du mien à mon insu, et de leur prêter des réflexions et des sentiments qu'ils ne pouvaient avoir. En effet, il suffit d'introduire, dans l'expression de leurs idées, un mot qui ne soit pas de leur vocabulaire, pour qu'on se sente porté à révoquer en doute l'idée même émise par eux ; mais, si on les écoute parler, on reconnaît que s'ils n'ont pas, comme nous, un choix de mots appropriés à toutes les nuances de la pensée, ils en ont encore assez pour formuler ce qu'ils pensent et décrire ce qui frappe leurs sens.
|
|
Page accueil |